mardi 30 janvier 2007

Pierrot


J'ai toujours été en harmonie avec ce que je pense et avec ce que je défends.
Chanter les jolies colonies de vacances pour la 854e fois ne vous ennuie pas?
Ce n'est pas moi qui chante, c'est la salle! Je commence : "Leeeeessss..." Et hop, c'est parti! Je m'amuse du public. Quand j'interprète le Zizi, j'aime voir la tête des gens. L'autre jour, au premier rang une femme vivait intensément toutes mes chansons. Pour le Zizi, je dis à la fin : "Avec celui d'un Chinois! J'ai même cassé des noix." J'ai alors vu une souffrance terrible sur son visage.
Je me suis bien marré. C'est un vrai spectacle. Je suis heureux de rendre les gens heureux.
D'où vous vient l'amour des mots?
De ma jeunesse. D'avoir écouté toutes ces langues au bistrot de mes parents. Il y avait des ch'timis, des Marseillais, des mariniers, des troufions... Quand je rentrais au café, j'étais au théatre. Le goût des mots, c'est le goût des mélanges.
Comment regardez-vous la langue d'aujourd'hui, celle des banlieues, par exemple, qui bouge sans cesse?
Il y a beaucoup de choses volatiles qui se perdent vite. L'époque est ainsi, sans doute. Mais, du coup, je ne suis pas sûr que cette langue soit l'eldorado de la grammaire.
Ne pensez-vous pas que la langue, parfois, peut créer des fractures sociales entre ceux qui savent la manier et les autres?
Cette langue, celle des banlieues, est faite pour se protéger, pour ne pas être compris des autres.L'Histoire montre qu'il y a toujours eu des mouvements. Une fois que l'argot a été décrypté, dans les années 1950-1060, il a disparu. Est apparu le verlan, utilisé parfois à partir de l'argot.

Afin de nous ôter nos complexes
Ô gué, ô gué
On nous donne des cours sur le sexe
Ô gué, ô gué
On apprend la vie secrète
Des angoissés d' la bébête
Ou de ceux qui trouvent dégourdi
De montrer leur bigoudi
Une institutrice très sympathique
Nous en explique toutes la mécanique
Elle dit nous allons planter le décor
Ô gué, ô gué
De l'appareil masculin d'abord
Ô gué, ô gué
Elle s'approche du tableau noir
On va p' têt' enfin savoir
Quel est ce monstre sacré qui a donc tant de pouvoir
Et sans hésiter elle nous dessine
Le p'tit chose et les deux orphelines

{Refrain:}
Tout tout tout
Vous saurez tout sur le zizi
Le vrai, le faux
Le laid, le beau
Le dur, le mou
Qui a un grand cou
Le gros touffu
Le p'tit joufflu
Le grand ridé
Le mont pelé
Tout tout tout tout
Je vous dirai tout sur le zizi

Des zizis y'en a d'toutes les couleurs
Ô gué, ô gué
Des boulangers jusqu'aux ramoneurs
Ô gué, ô gué
J'en ai vu des impusilfs
Qui grimpaient dans les calcifs
J'en ai vu de moins voraces
Tomber dans les godasses
Çui d'un mécanicien en détresse
Qui a jamais pu réunir ses pièces
Y a le zizi tout propre du blanchisseur
Ô gué, ô gué
Celui qui amidonne la main de ma sœur
Ô gué, ô gué
J'ai vu le zizi d'un curé
Avec son p'tit chapeau violet
Qui juste en pleine ascension
Fait la génuflexion
Un lever de zizi au crépuscule
Et celui du pape qui fait des bulles

{au refrain}

Le zizi musclé chez le routier
Ô gué, ô gué
Se reconnaît à son gros col roulé
Ô gué, ô gué
J'ai vu le zizi affolant
D'un trapéziste ambulant
Qui apprenait la barre fixe à ses petits-enfants
L'alpiniste et son beau pic à glace
Magnifique au-dessus des Grandes Jorasses
J'ai vu le grand zizi d'un p'tit bedeau
Ô gué, ô gué
Qui sonne l'angélus les mains dans le dos
Ô gué, ô gué
Celui d'un marin breton
Qui avait perdu ses pompons
Et celui d'un juif cossu
Qui mesurait le tissu
Celui d'un infirmier d'ambulance
Qui clignotait dans les cas d'urgence

{au refrain}

J'ai vu le p'tit zizi des aristos
Ô gué, ô gué
Qui est toujours au bord de l'embargo
Ô gué, ô gué
J'ai roulé de la pâtisserie
Avec celui de mon mari
Avec celui d'un Chinois
J'ai même cassé des noix
Avec un zizi aux mœurs incertaines
J'ai même fait des ris de veau à l'ancienne

{au refrain}



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