lundi 22 janvier 2007

Éloge aux grands-mamans

Les petits enfants doivent vivre auprès de leurs grands-mères
et les grands-mamans existent pour aimer et guider leurs petits
enfants.
Les mamans enseignent aux enfants les lois et les règles de la vie,
alors que les grands-mamans leur enseignent l'art de vivre, ce qui
n'est écrit nulle part.

J'ai près de soixante ans et je me souviens encore de mes
grands-mères.
Être pris dans les bras et embrassé par ma grand-mère,
c'était comme être inondé par un clair et chaud soleil.
C'était comme recevoir en plein visage le soleil blanc et chaud
de l'hiver. Il vous pénètre le visage
jusqu'aux pieds et vous transporte dans un monde d'amour et de
confiance abandonnée.
Les grands-mamans ne grondent pas leurs petits-enfants,
elles les comprennent, et les excusent. Elles assurent l'équilibre
émotionnel des petits enfants qui grandiront en adultes complets.
Il est dommage aujourd'hui que les petitsenfants soient éloignés
de leurs grands-parents ou au contraire, qu'ils en aient beaucoup trop.
J'ai toujours su alors que j'étais petit qu'une grand-maman était la mère
de ma mère et que l'autre était la mère de mon père. Et j'imagine
mon désarroi devant l'éventuelle arrivée d'une grand-mère qui aurait été
la mère de l'ami de ma mère ou d'une grand-mère, mère de la nouvelle
femme de mon père.
Deux grands-mères c'est ce qu'il faut. Quatre c'est trop et deux sont inutiles.

Nous étions voisins immédiats de ma grand-mère paternelle et vivions à
vingt minutes de chez la mère de ma mère. Après tous les soupers,
je demandais à mon père:
«Est-ce que je peux aller voir grand-maman?» C'était toujours:
«Oui, tu peux y aller mais ne la fatigue pas trop!».
Comment aurais-je pu la fatiguer? C'est elle qui m'invitait à jouer aux cartes,
au casino ou au paquet-voleur. C'était elle encore qui m'assoyait près
d'elle, alors qu'elle me fabriquait un manteau ou me tricotait un chandail.
Mes grands-mères étaient des femmes d'autorité, mais jamais avec moi.
Elles me permettaient d'êtredans la cuisine lorsqu'elles faisaient des gâteaux
et me donnaient les cuillères pour y lécher la pâte à gâteau ou le sucre à glacer.

Lorsque j'ai perdu mes grands-mères à peu de distance l'une de l'autre -
j'avais dix et 12 ans -, je fus frappé par le vide qu'elles laissaient dans ma
poitrine et dans ma tête. Mes confidentes n'étaient plus! Il y avait bien maman,
mais ce n'était pas pareil! Et il me fallait vieillir encore un peu pour discuter
d'homme à homme avec mon père.

Ajourd'hui, mes deux grands-mères, Josée et Lucienne, sont toujours et
pour toujours dans mon coeur et dans ma pensée avec leurs sagesse et leur bonté,
leurs gâteries et leurs petites attentions, leurs dentelles et leurs rubans surannés.
Se doutaient-elles que leur petit-fils se souvienne encore d'elles à soixante ans
loin dans l'avenir, loin aujourd'hui? Ce doit-être cela que l'on appelle:
«laisser quelque chose en héritage.»

1 commentaire:

Monique a dit…

Moi aussi l'une d'elles m'a beaucoup marqué et c'est peut être de là que vient ma peine?
J'étais trop jeune lorsque la maman de mon papa est partie je n'ai de souvenirs que par certaines photos...
Et mon papa a son tour est parti bien trop rapidement pour me parler d'elle...
Mais celle de ma maman m'a élevé et elle était si bonne qu'elle laisse dans mon coeur un souvenir impérissable pour tous ceux qui ont EU LE BONHEUR DE LA CONNAITRE.