L'ancêtre du chat domestique localisé au Proche-Orient
Laurent Thomet
Agence France-Presse
Washington
Le premier chat domestique était un chasseur de souris acharné qui avait noué des liens étroits avec les premiers agriculteurs installés au Proche-Orient il y a 10 000 ans, selon une étude publiée jeudi par le journal Science.
Grâce à des recherches sur l'ADN, les chercheurs affirment avoir localisé l'ancêtre du chat domestique dans la région du Croissant fertile, zone du Proche-Orient comprenant les États actuels d'Israël, d'Irak, de Syrie, et du Liban.
Selon l'un des auteurs de l'étude, Stephen O'Brien, le chat sauvage ancêtre du chat domestique est apparu quand les premiers agriculteurs se sont sédentarisés et ont stocké des grains attirant les rongeurs. Il a été plus amical que les autres membres de la famille des félins.
«Les félins sont bien connus pour être de redoutables prédateurs - très meurtriers, très féroces et très menaçants pour les autres espèces y compris celle des humains», a expliqué à l'AFP M. O'Brien, chercheur à l'Institut national du cancer américain (National Cancer Institute).
«Mais ce petit bonhomme a en fait choisi une autre voie». «Il a décidé d'être un peu familier et aussi un très bon chasseur de souris».
Le chat sauvage du Proche-Orient a ainsi apporté «deux vrais avantages» à ces agriculteurs, selon le chercheur.
«Premièrement, il les a aidés à se débarrasser des milliers de rongeurs installés près des stocks de grains, et deuxièmement, il a sans doute été une source d'amusement pour les familles et leurs enfants», raconte-t-il. C'était aussi «le début d'une des plus incroyables expérimentations biologiques, où un méchant, féroce et mortel prédateur, change de comportement et devient amical avec les humains».
Les auteurs de l'étude ont également réussi à retracer les origines du premier couple de chats, les «Adam et Eve» félins, à quelque 100 000 ans, mais il n'existe pas de preuve de domestication à cette époque.
Au cours de cette étude, les chercheurs ont utilisé les échantillons ADN de 979 chats pour analyser les liens entre le chat domestique et cinq espèces de chats sauvages issus de trois continents, dont le chat sauvage du Proche-Orient.
Ils sont parvenus à exclure comme ancêtre du chat domestique quatre espèces de chats sauvages: le chat sauvage européen, celui d'Asie centrale, celui du sud de l'Afrique et celui du désert chinois.
Ils ont découvert que chaque sous-espèce et le chat domestique se retrouvaient dans un groupe génétiquement distinct.
Mais le chat domestique et son parent du Proche-Orient étaient issu du même groupe, ce qui laisse supposer une parenté.
«Tous les chats domestiques semblent avoir un seul et même ancêtre commun», a expliqué Carlos Driscoll, l'un des auteurs de l'étude, étudiant en doctorat à l'université d'Oxford.
L'actuel chat sauvage du Proche-Orient qui vit dans les lointains déserts d'Israël, d'Arabie Saoudite et d'autres pays du Proche-Orient, ressemble probablement à son ancêtre, a-t-il ajouté.