vendredi 9 mars 2007

L'Essor du travail féminin


Il y a un mois, la présidente du Printemps empochait 2,5 millions d'euros d'indemnités à l'occasion de son départ et alimentait la polémique sur les gros salaires: serait-ce l'ultime signe d'une égalité durement conquise? Attention aux conclusions hâtives!

La même semaine, des centaines d'ex-salariées de Moulinex réclamaient devant les prud'hommes de Caen deux années de salaire - à peine 40 000 € - pour une vie gâchée: le chômage à 50 ans après trente-cinq ans de travail à la chaîne.

Métier: quand je serai grande, je serai commandante
Formation: mention très bien
Timides créatrices
- 18%

Le bilan de l'évolution des Françaises au travail est plus nuancé qu'il n'y paraît. Oui, elles représentent aujourd'hui 46% de la population active. Oui, 1 cadre sur 3 est désormais une femme. Oui, le taux d'activité des Françaises est parmi les plus élevés d'Europe. Mais, aujourd'hui, il n'augmente plus.

Et l'essor du travail féminin masque des inégalités persistantes: les femmes sont toujours deux fois plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois précaires (CDD, stages, etc.), un tiers d'entre elles travaillent à temps partiel (contre 5,5% des hommes), elles sont majoritaires dans les emplois subalternes et plus souvent au chômage. Résultat: à l'âge de la retraite, leur revenu est largement inférieur à celui de leurs collègues masculins, conséquence d'inégalités professionnelles cumulées tout au long de la vie active.

Pour la sociologue Dominique Méda, certains chiffres sont même alarmants: «Il subsiste un écart de 13 points entre le taux d'emploi des hommes et des femmes de 25 à 54 ans.» En outre, le fossé se creuse entre les «gagnantes» - diplômées accédant à des postes à responsabilité - et les «perdantes» - mères seules, peu qualifiées, contraintes au temps partiel. Voilà pourquoi Dominique Méda et Hélène Périvier, dans un ouvrage récent, en appellent au «deuxième âge de l'émancipation» (Seuil). Rendez-vous dans trente ans?

L'EXPRESS

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