vendredi 9 mars 2007

On en demande trop aux Françaises


Les Françaises sont étonnantes: non seulement elles ont chipé aux Irlandaises, en 2006, la médaille d'or de la fécondité en Europe, mais elles ne lâchent pas leur travail pour autant.

De quoi faire rêver bien des Européennes, qui leur envient les crèches et les haltes-garderies, l'école maternelle gratuite dès 3 ans, voire 2, et les déductions fiscales pour la garde à domicile. «En Italie, je n'aurais jamais fait d'enfant, affirme la journaliste Anna-Maria Merlo-Poli, correspondante à Paris du quotidien Il Manifesto. Ici, j'en ai eu un. Et une place en crèche, sans piston!»

Vernies, les Françaises? Pas aux yeux de sa consœur danoise Annegrethe Rasmussen, qui représente le quotidien Information à Paris. «Il est difficile de faire carrière ici quand on a une progéniture, juge-t-elle.

La division classique du travail entre hommes et femmes perdure.» C'est précisément la conclusion de l'enquête menée par Ariane Pailhé et Anne Solaz, deux chercheuses de l'Institut national d'études démographiques, et publiée en septembre 2006 dans la revue Population et sociétés sous le titre «Vie professionnelle et naissance: la charge de la conciliation repose essentiellement sur les femmes». «Si la naissance d'un enfant ne modifie guère l'activité professionnelle des hommes, soulignent-elles, les mères sont 40% à déclarer un changement de situation [...] interruptions temporaires ou réduction du temps de travail.»

Le tableau n'est pas plus rose à la maison. «La charge de l'organisation du foyer et de la famille continue à reposer sur les femmes», observe l'historienne de la maternité Yvonne Knibiehler (Qui gardera les enfants?, Calmann-Lévy). Aujourd'hui comme il y a vingt ans, elles abattent les deux tiers des tâches ménagères, selon l'Insee. «On en demande trop aux Françaises», compatit Karin Aneser, correspondante de l'hebdomadaire allemand Focus. Au détriment de leur trajectoire professionnelle. Verdict du sociologue Jean-Claude Kaufmann: «Le fonctionnement du couple est désormais le frein principal à l'égalité entre hommes et femmes.»

l'EXPRESS

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