mercredi 7 mars 2007

Nous avions brisé un tabou


Aviez-vous conscience, en 1982, de participer à un événement historique? Pas vraiment : j'étais surtout absorbé et fasciné par mon travail. J'ai vécu cette aventure comme une sorte de miracle.
Pour la première fois, j'assistais en direct aux premiers instants de la vie d'un petit être : j'ai observé sa conception au microscope, j'aisuivi son développement pendant toute la grossesse et je l'ai mis au monde. Ce fut pour moi un véritable émerveillement.Il faut se replacer dans le contexte de l'époque : on ne savait presque rien dans ce domaine. Lorsque j'ai passé mon agrégation, en 1979, j'ai présenté aux membres du jury les premières photos d'embryons humains : c'était pour eux une découverte. La technique de fécondation in vitro avait été expérimentée pour la première fois quatre ans auparavant en Grande-Bretagne, mais c'était encore du bricolage. Il n'y a pas eu d'essais sur les animaux : on est passé directement à l'homme.
C'était une opération risquée; nous n'étions pas du tout sûrs que cela allait marcher et nous ne savions pas si les enfants allaient naître normaux. J'avoue que je ne m'attendais pas au déchaînement médiatique qui a suivi. Ni aux réactions plutôt hostiles d'une partie scientifique et médical, qui nous considérait alors comme des farfelus, voire des charlatans.

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