lundi 2 juillet 2007

Pour une meilleure prise en charge des dépenses en longue maladie


Pour une meilleure prise en charge des dépenses en longue maladie
Le Monde - Paris,France
Cette jeune femme de 27 ans, mère d'un enfant, est atteinte d'un cancer qui a nécessité une ablation partielle du foie. En attendant une greffe, ...


Les maladies graves nécessitant des traitements coûteux sont théoriquement totalement prises en charge par l'assurance-maladie. En réalité, certains frais incombent au malade, qui est obligé de solliciter des aides sociales si ses revenus ou sa mutuelle ne lui permettent pas de les payer.

En principe, dans le cas d'une affection longue durée (maladie grave ou chronique) prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale, les fournitures complémentaires sont intégralement remboursées lorsqu'elles sont nécessaires pour les soins relevant de la maladie. Mais ce n'est pas toujours vrai, ainsi que l'a découvert une lectrice.

Cette jeune femme de 27 ans, mère d'un enfant, est atteinte d'un cancer qui a nécessité une ablation partielle du foie. En attendant une greffe, elle doit vivre avec un drain biliaire et changer régulièrement ses pansements stériles et imperméables.

Ces pansements sont inscrits sur la liste des produits remboursables, mais n'ont pas de prix unitaire réglementé, si bien que la patiente doit acquitter la différence entre le plafond remboursé (0,81 euro) et le prix pratiqué par le pharmacien (6,07 euros le rouleau). Notre lectrice dépense ainsi 32 euros par mois, soit 384 euros par an qui restent à sa charge.

A ses protestations, la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) répond que les sparadraps stériles et hypoallergéniques sont considérés comme des "pansements passifs", c'est-à-dire non soignants. Leur prix de vente n'est pas plafonné, contrairement à celui des pansements "actifs". La somme versée par l'assurance-maladie n'est pas considérée comme un remboursement mais comme une "contribution à l'achat". Ainsi, une compresse imbibée de solution anti-inflammatoire destinée à soigner une tendinite est cataloguée "pansement actif" et remboursée, tandis que les pansements utilisés par notre lectrice, assimilés à de simples sparadraps, ne le sont pas.

A la Ligue contre le cancer, le docteur Françoise May-Levin, cancérologue et conseiller médical, souhaite qu'il y ait une modulation des remboursements de ces produits annexes, en fonction de la pathologie. Car la liste est longue. Par exemple, la nourriture fluide en brique, souvent prescrite par les médecins face aux problèmes de digestion et de dénutrition occasionnés par la maladie, n'est intégralement prise en charge que pour des patients totalement incapables de déglutir. Sinon, ils sont considérés comme des "produits de confort".

Il en va de même pour les prothèses mammaires portées immédiatement après une ablation du sein. Vendues entre 120 et 160 euros, elles ne sont remboursées que 69,95 euros. Lorsqu'il y a reconstruction chirurgicale du sein, la chirurgie esthétique et l'anesthésie sont parfois sujettes à des dépassements d'honoraires qui restent à la charge de la patiente. Pour les perruques, dont le prix minimum est de 400 euros, le remboursement forfaitaire est de 125 euros.

Ces frais supplémentaires pénalisent des malades déjà fragilisés par la réduction, voire la perte de leur travail. Ces patients peuvent solliciter une aide financière du fonds de secours de la Caisse primaire d'assurance-maladie, car les caisses disposent de budgets spécifiques pour l'action sanitaire et sociale. Une commission étudie alors la situation du demandeur. Mais il n'y a pas de barème national et chaque caisse est libre de fixer ses critères d'attribution. Le budget varie aussi selon les caisses et le moment de l'année (crédits épuisés ou bien non distribués).

Les comités départementaux de la Ligue contre le cancer accordent aussi des aides ponctuelles pour payer une prothèse, le forfait hospitalier journalier, des frais de soins non remboursés, ou des dépassements d'honoraires. En 2006, leur montant moyen était de 372 euros par personne.

Pour évaluer l'ampleur des frais restant à la charge des malades, la Ligue contre le cancer lancera début septembre une enquête nationale. Le questionnaire sera disponible sur le site de la Ligue et auprès de ses comités départementaux. Les résultats, publiés en janvier 2008, nourriront la réflexion souhaitée par la Haute Autorité de santé sur le régime des affections longue durée.

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