dimanche 6 mai 2007


Giulia Salvatori «Quand maman entend "Moteur!", c'est magique»Propos recueillis par Philippe Broussard Giulia Salvatori explique comment, malgré sa maladie, Annie Girardot continue à travailler

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Votre mère a-t-elle conscience de sa maladie? Giulia Salvatori: Oui et non. Disons qu'elle en est consciente par périodes. C'est un peu la même chose pour le livre. Je l'ai tenue au courant de l'évolution du projet, quitte à répéter à plusieurs reprises la même chose parce qu'elle avait oublié. Mais elle m'a donné son accord pour cette publication et je sais qu'elle m'est reconnaissante de raconter sa vie, son parcours, même dans ses aspects les plus douloureux. J'ai son «merci». Je voudrais qu'il n'y ait ni méchanceté ni vulgarité dans la manière dont ce livre sera perçu. C'est un hymne à l'amour, rien d'autre. Pendant des années, vous avez pourtant essayé de lui cacher cette maladie dont elle ne prononce jamais le nom… Au début, bien sûr, on refuse l'évidence. On se dit que c'est impossible. On met ça sur le dos de la fatigue, du boulot, des tournées… Et puis, la réalité s'impose. Dans le cas de maman, Alzheimer a été détecté très tard. Premiers indices dans les années 1998-1999. Premier examen médical en 2000. Deuxième examen médical en 2002. Et là, pour l'entourage, cela devient l'enfer... Nous avons alors essayé de la préserver au maximum. Surtout pour son métier, car c'était essentiel à sa vie, à son équilibre. Nous ne voulions pas lui dire, nous avions trop peur de sa réaction et de ses tendances dépressives. Quand il fallait passer des radios ou un scanner, nous lui expliquions que c'était pour des raisons d'assurances, de contrat... Sur les lieux de tournage, seuls les réalisateurs étaient au courant. Vous avez semble-t-il beaucoup souffert des rumeurs sur son alcoolisme supposé. C'était terrible. Tout le monde la croyait alcoolique, ce qui était faux. Maman a toujours aimé la bonne chère, le vin à table, mais sans excès. Et puis la situation est devenue si insupportable qu'il a fallu arrêter de tricher, rétablir la vérité, rendre sa dignité à cette sacrée bonne femme. Etait-elle en mesure de vous confier ses souvenirs? De temps en temps, j'ai fait appel à sa mémoire pour compléter le récit. Tout ce qui relève d'un passé assez lointain revient plutôt facilement, par exemple les moments de joie et de rigolade avec les gens qu'elle a bien aimés. En revanche, pour ce qu'elle a fait il y a cinq minutes, c'est autre chose... Quand elle me parle de telle ou telle personne en croyant qu'elle est toujours en vie, comme Jacques Brel ou mon grand-père, je ne cherche pas à rectifier. Il faut la laisser tranquille dans son monde, dans ses rêves. Elle y est bien. Comment vit-on, au quotidien, avec une personne souffrant de pertes de mémoire? Chaque cas est différent. Mais, pour l'entourage, c'est souvent épuisant. Il faut se blinder, avaler la honte, la colère parfois. Car il n'y a rien pour aider vraiment les malades et leurs proches, pas de structures, et je trouve cela scandaleux. Votre mère continue-t-elle de travailler? Oui, et je tiens à ce que cela soit le cas aussi longtemps que possible. Evidemment, il faut l'aider, l'entourer, bien choisir les scénarios. Mais le metteur en scène qui veut la Girardot, son regard, son âme, il l'a. Quand elle entend «Moteur! go!» dans l'oreillette, croyez-moi, c'est magique. Comme si on arrivait alors à ce qu'elle a de plus précieux, ce que j'appelle dans le livre le «noyau indestructible», cette «flamme de comédienne» qu'elle préserve envers et contre tout.

2 commentaires:

Monique a dit…

Cette maladie est terrible le vide du qui je suis qui tu es en face de moi doit être horrible pour tous.

Monique a dit…

Et pour Annie Girardo d'avoir lu ou entendu c'est l'alcoolisme, doit être
insupportable c'est inacceptable de la part des journalistes comme des autres artistes... LA RUMEUR SOUVENT EST INJUSTE!