jeudi 10 mai 2007

Texte de Jacques Salomé

La mort d’un enfant

La mort d’un enfant, qu'il soit bébé, jeune ou plus âgé, est une blessure irréparable envers la vie. C'est vrai que la vie est souvent saccagée, maltraitée, violentée aujourd’hui, en beaucoup d’endroits sur cette terre. C'est vrai que les hommes sont devenus pour eux-mêmes et pour la nature des prédateurs redoutables. C'est vrai que la vie est dévalorisée et la violence banalisée, mais il est un lieu où elle aspire à être préservée, protégée et aimée. Cet endroit, c'est le cœur d'une mère, Celui d'un père aussi, bien sûr, quand l'un et l'autre ont pu accompagner durant neuf mois une gestation pleine de silences et de tempêtes… Et, pendant quelques années, des soirées embuées d'émotion et des matins joyeux de l'éclat du jour à vivre, des repas, des jeux, des découvertes, des études, des lectures, des remontrances, des interdits ou des règles à vivre. Quand deux parents ont donné de leur temps, de leur amour, de leur patience pour accompagner les premiers balbutiements, les premiers pas d'un enfant.

Il est des temps et des lieux où la vie devrait pouvoir se poser en toute sécurité, au moins le temps d’une enfance. Ces espaces et ces temps s'appellent un lieu de vie, une famille. Au moment de sa conception, on offre la vie à un être unique. Une vie qui sera portée dans le chaud d’un ventre, agrandie aux étapes d’un cheminement parsemé d'envols et d’obstacles, et qui sera par la suite magnifiée par des amours et des engagements de vie, des ancrages pour la transmettre à son tour, de cette vie, un enfant. Cet enfant, le vôtre ou celui d'un proche, peut être exclu à jamais par la maladie, la violence d'un tiers dans un acte fou, un accident, l'irruption d'un cataclysme… Les causes en sont multiples et toujours imprévisibles, impensables. Elles deviendront ensuite impansables si on ne se donne pas les moyens pour faire une démarche de deuil. Ainsi, il sera parfois nécessaire de garder le souvenir, la mémoire de cet enfant disparu et d’en laisser la trace en déposant un signe, en inscrivant un geste durable.

Dernièrement, à des parents perdus entre colère et anéantissement, entre injustice et révolte, entre cris et abattement, je disais : « Peut être que l’un ou l’autre d’entre vous acceptera un jour de planter un arbre, pour laisser une trace du passage de votre enfant sur cette terre. Témoigner que la vie sous toutes ses formes mérite d’être respectée et honorée. Dans certaines ethnies africaines, quand une mère perd un enfant, elle va chez le sculpteur du village et lui demande de sculpter dans le bois le corps d'un enfant entier, achevé. Elle ramènera cette statuette à la maison et durant tout le temps où l'enfant aurait été dans la case des femmes, elle lui prodiguera les soins élémentaires : nourriture, soins du corps, câlins et tendresse. »


Ici, dans nos pays de béton et de macadam, nous pouvons aussi inventer des rituels pour dépasser l'absurdité, l'inouï de la douleur, la pesanteur insupportable de la désespérance. Il est possible de trouver un endroit où la nature peut accepter un arbuste, un arbre en devenir ou tout autre symbolisation qui parlera plus à ceux qui ont vécu la mort de leur enfant. Comme si chaque parent disait à travers cet acte : « Nous n'avons pas pu accompagner plus loin ta vie, aussi nous la prolongeons au travers d'un arbre, d'un arbuste qui vivra sa vie d'arbre ou d'arbuste tout le temps où cet environnement et la nature présente l'acceptera… »

J'ai regardé tout à l'heure l'émission avec Mr delarue: Je crois que je puis dire dire qu'il y aussi une autre manière de perdre son enfant sans que la mort intervienne nécessairement! Lorsqu'on atteint le point de non retour souvent à cause d'une histoire d'intéret et beaucoup pense que comme la maladie cela n'arrive qu'aux autres.

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