dimanche 6 mai 2007

Une calculette dans la tête

i = 3,141592... Pour le commun des mortels, c'est un vague souvenir d'écolier. Lui en a fait une spécialité. En 2005, le Chinois Chao Lu fut capable d'en réciter 67 890 décimales sans erreur. Depuis, il aurait été supplanté par un Japonais, Akira Haraguchi, dont le record (100 000 décimales) n'a toutefois pas été homologué.

Ces prodiges de la mémoire possèdent leurs propres championnats et s'affrontent dans des épreuves aussi variées que «le plus grand nombre de chiffres binaires mémorisés en x minutes», ou «le calcul de la racine 13e d'un nombre à 200 chiffres». Mais qu'ont-ils donc de plus que nous?Pour le savoir, les chercheurs du Groupe d'imagerie neurofonctionnelle (GIN) du CNR de Caen ont étudié le cas de Rüdiger Gamm, un Allemand capable d'élever n'importe quel nombre à deux chiffres à la puissance 15 en moins de temps qu'il n'en faut pour taper l'opération sur une calculette. Son cerveau s'est retrouvé sous les feux de la tomographie par émission de positrons (TEP). L'appareil permet de visualiser l'augmentation locale du flux sanguin au moment de l'activation de telle ou telle région de l'encéphale. Résultat? Son cerveau n'est pas différent du nôtre. «Mais Gamm possède en plus la capacité de faire travailler plusieurs aires en même temps», explique Laure Zago, chargée de recherche au CNRS.

Alors que nous ne faisons appel qu'à la mémoire à court terme pour effectuer un calcul mental, lui se sert aussi de sa mémoire épisodique à long terme, où il a emmagasiné de nombreux résultats de calculs intermédiaires qu'il sait réutiliser lors d'opérations complexes. «Pour en arriver là, il s'entraîne plusieurs heures par jour», ajoute Laure Zago. On ne naît pas prodige, on le devient à force de travail.

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